25 juin 2008

Les jarrets de Miage. Chronique d’une fin de saison.

Le poète a dit "prendre ses skis en juin, c'est pas bien malin."

Aussi, à moins de prendre pour nous cette vilaine maxime, il nous a bien fallu nous dire que cette sortie à l'arête Mettrier était un gag.  Un gag à 6h22 dans le premier train, un autre à 11h03 au milieu des voitures sur la route de St-Gervais et un dernier gros gag à 13h54, à pousser nos vélos sur la piste forestière du Truc - là, ce n'est pas un gag, c'est son nom. En rang d'oignons : Oliv' et son attelage, moi et mes paquets, Laurence passant de l'un à l'autre pour nous aider à pousser, tirer, souffler...

Je vous assure qu'il faut une âme bien insensible aux choses du poète pour montrer tant
d'entrain à ces âneries ! Nous avons donc énergiquement vaqué de gags en gags, depuis cette montée de Sisyphe jusqu'au ski-boules du glacier, sur les vestiges des innombrables coulées provenant de la face nord. Du grand ski sur la neige béton du haut, du grand style parmi les rochers du bas. D'ailleurs, une fois n'est pas coutume, vous n'aurez aucune photo de cette descente, mémorable comme un premier jour de patins-à-roulettes.

Je ne m'étends pas sur l'itinéraire, il est en consultation sur tous les mauvais sites d'alpinisme en ligne. 

Heureusement, ne pas être bien malin n'empêche pas d'être touché par le génie - le génie du lieu, bien sûr. Et Miage en est pourvu comme quelques recoins peu fréquentés du massif.  Entre deux
portages je me souviens de l'arrivée exceptionnelle sur l'alpage de Miage, au milieu des chevaux, du bivouac de rêve à deux pas du torrent, de l'approche alpestre sous la face nord, du séjour sympathique et gourmand au refuge de Plan Glacier (allez rendre visite à Ronald, son gardien pyrénéen), de l'aérienne ascension face au Mt-Blanc et, quand même ! de l'itinéraire de descente à ski, qui vaut son pesant de ruse et de cuisses. 

Le vélo, dans le Mont-Blanc, n'est pas une coutume locale de déplacement, loin s'en faut. Une raison de plus pour aller y traîner nos bécanes, s'y forger les jarrets et se ravir les mirettes. On n'est pas non plus obligé d'y aller en juin et, ce qui est bien, c'est que la montagne est pleine de transports en communs !

16h15, Samedi 21. Au Fayet, nous retrouvons la gare de nos premiers coups de pédale. Je me souviens qu'un type, qui a fait beaucoup de vélo, s'est un jour émerveillé de l'énergie qu'il mettait, en selle, à se précipiter dans l'inconnu. Oliv', Laurence et moi ne rêvons pourtant que d'une chose : qu'on nous conduise sans détours dans un plumard.

Le véloski, cette faculté d'étirer le temps.






Au sommet...


2 juin 2008

La neige est partie, v'là l'pelouse !

Samedi 31 mai - Dimanche 1 juin 2008
WE maussade en perspective, plus assez de neige pour skier, que faire, que faire ?
Question vite résolue, c'est l'anniversaire d'Yvan, un ami, qui franchit le cap de la quarantaine. Le genre de truc qui n'arrive qu'une fois, forcément. Et quand il me dit que ça se passeras au refuge des Perrières, au-dessus de Val Pelouse, c'est le déclic. Rendez-vous est pris pour 15H00 à Val Pelouse et je me jette sur le petit dépliant des horaires férroviaires. Du gâteau (d'anniversaire), j'en ai un (train, pas gâteau...) à 11H05, arrivée 11H48 à Pontcharra. Et le retour ? Bah, vélo ou train, ça le fait quoiqu'il arrive.... Seule inconnue, la météo. Certains diront qu'il risque de pleuvoir, mieux vaut y aller en voiture, je me suis dit qu'il risquait de faire beau, l'ascension n'en sera que plus agréable. Et c'est le moment de valider l'itinéraire pour l'hiver prochain : Pontcharra - Blanche Chapelle - la Rochette - Arvillard - Val Pelouse.
Val Pelouse ..... 14H35, fait beau, je vais pouvoir picniquer tranquille en attendant les autres, voir faire une sieste....Surtout qu'on me souffle dans l'oreille qu'ils auront une heure de retard. Ça me rappelle une histoire de lièvre et de tortue. Après une tranche de pâté en croute, une salade verte, un reste de comté couché sur un bout de pain, quelques carreaux de chocolat, deux pages d'un journal satirique paraissant le mercredi, j'oublie la sieste en compagnie de deux randonneurs intrigués par la présence d'un vélo à cet endroit. Ils avaient entendu parler des véloskieurs....

15H30, la petite troupe arrive.....la pluie aussi. Heureusement, la montée au refuge est courte, même les gosses sont contents. S'en suivras une soirée anniversaire rondement menée. Quatre randonneurs alpinistes nous ont rejoint, histoire de comparer les vertus de la Chartreuse verte et de la Vulnéraire, sur fond de bulles de champagne. Courte nuit, réveil matinal non pas pour aller crapahuter mais parce que les gosses le veulent bien. Pas grave, les parents que nous sommes ont l'habitude. Et puis le déjeuner est copieux, ce qui n'est pas plus mal, surtout pour moi ! Retour en boucle par la montagne d'Arvillard, la pluie semble avoir changé de terrain de jeux. La descente en vélo va être efficace. 11H00, Arvillard. Réflexion, décision, il fait bon, je fais le retour en vélo.

Allevard, Goncelin, je franchis l'Isére. Les petites routes agricoles de la rive droite sont quand même plus sympathiques que la nationale rectiligne et ennuyeuse de la rive gauche. Et c'est partit pour du très classique cyclotourisme à travers la campagne du nord Grésivaudan.
Lumbin, première escale technique chez la frangine. Je tombe à pic, les parents sont là aussi, c'est l'heure du repas. "Tu manges avec nous ? Bah voui ....." C'est que la table est bonne à la cantine maternel . "Et tu rentres à Grenoble comme ça ? Bah voui .....". "Oulalalala.....". Café, une petite sieste, un tour dans la nouvelle maison, moment du départ, j'en profite pour faire la course avec le neveu....Il a (presque) gagné le bougre ! Bon allez, c'est pas tout ça, mais j'ai encore de la route, une autre escale technique chez l'Yvan du coté de Crolles, ensuite, redescente sur l'Isére, Grenoble-Ile d'amour, Championnet, Maison.

Peuh, même pas fatigué, surement l'énorme steak de midi.
"Faut que tu prennes de forces pour faire ce que tu fais !"
"Oui, maman..."